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La structure et la forme du projet

 

Il s'agit ici de comparer les principes d'aménagement énoncés dans notre cadre théorique aux aménagements actuels et prévus de la ville de Fermont. Sur certains aspects, notre analyse s'effectuera sur 2 échelles en raison du mur, qui constitue une ville en soi dans Fermont. En raison de cette particularité, nous verrons que les critères relatifs à Bentley ne peuvent être considérés indépendamment dans chacune des échelles (l'échelle de Fermont ou l'échelle du mur), mais bien de façon simultanée. 

 

 

4  Mixité fonctionnelle

1 Localisation du site

 

La carte topographique ci-contre montre que Fermont se situe bel et bien dans une pente descendante orientée vers le sud. Tel que décrit précédemment, cette localisation permet donc une exposition maximale au rayonnement solaire, une optimisation du chauffage passif et un drainage de l’air froid qui provient des vents dominants.

 

3  Densité et configuration urbaines

2  Disposition des rues

  • Les artères plus larges (représentées en rouge sur la carte) sont effectivement orientées perpendiculairement à la direction des vents dominants.

    De plus, le cadre bâti entourant certains segments de rues est relativement haut, ce qui réduit la vélocité du vent pour un meilleur confort pour le piéton. 

Une attention particulière à l'atténuation des vents dominants semble avoir été portée dans la disposition des rues de Fermont. Les critères proposés par Givoni dans le cadre théorique ont majoritairement été respectés puisque : 

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Au niveau de la trame viaire dans son ensemble, la ville  peut être qualifiée comme étant plus ou moins perméable selon le mode de transport adopté [voir les commentaires associés aux images du diaporama]. Or, le développement «à la pièce» initié par les comapgnies minières pourrait brimer la perméabilité du réseau viaire de la ville par manque de vision d'ensemble.

Selon Bentley, une ville offrant une excellente perméabilité est composée d’un grand nombre de possibilités de parcours pour le piéton. Ceci implique de multiples intersections et des ilots de petite taille. Les rues ne doivent pas se terminer en un cul-de-sac ou revenir sur elle-même. Finalement, les quartiers doivent être liés les uns aux autres par un maximum de connexions. 

  • Les rues secondaires, plus étroites, sont configurées de façon sinueuse et angulée, ce qui «fractionne» le vent et réduit donc sa vélocité. Les rues sont également courtes pour limiter l’effet de canalisation créé par les longues rues (surtout si elles sont axées dans la même direction que les vents dominants).

La perméabilité est un enjeu crucial dans les villes nordiques. Une diversité des choix de parcours permet une meilleure résilience de la trame viaire en cas d'intempérie (accumulations importantes de neige par exemple) ou d'accident. Par exemple, le court-circuitage d’une intersection névralgique entrainerait des détours majeurs, de la congestion ou une paralysie  complète du réseau viaire, ce qui peut être frustrant ou même dangereux dans les cas d’urgence. 

 

L’exemple de l’évènement qui s’est produit à Montmagny les 10 et 11 décembre 2014 en témoigne bien. La ville a été complètement paralysée par des conditions météorologiques non clémentes et par un carambolage sur l’autoroute 20.   

 

Densité

 

La forte densité du tissu bâti de Fermont a déjà été prouvée lors de la présentation générale de la ville. Outre les bénéfices économiques qui ont déjà été mentionnés, la densité urbaine, combinée à un réseau viaire perméable, permet également de réduire les distances de déplacement. La densité résidentielle permet de surcroit de réduire les demandes en énergie destinée au chauffage puisque la mitoyenneté des résidences réduit le nombre de murs extérieurs (donc, de surfaces où se perd la chaleur).

 

À l’échelle du bâtiment, une forte densité peut considérablement réduire l’apport d’ensoleillement naturel. Outre le mur, où les corridors internes et certaines pièces sont dépourvus de lien direct avec l’extérieur, aucun autre bâtiment de la ville ne présente de forts gabarits pouvant être problématiques à ce niveau. Dans le cas du mur, les stratégies d’élargir les corridors et de disposer judicieusement les pièces de jour et de nuit semblent être une façon de mitiger les désagréments causés par l’architecture de l’infrastructure. 

Configuration urbaine

 

Le rapport entre la hauteur des bâtiments et la largeur de la rue semble proportionnel, de sorte que les bâtiments plus hauts (dont le mur) portent une ombre limitée sur les bâtiments voisins.

Quant au mur de Fermont, il respecte presque tous les critères mentionnés dans l’étude de Givoni (1998) pour remplir de façon optimale son rôle d’écran. L’angle obtus formé par la «cassure» du mur (en plan) est orienté vers le sud, ce qui fait en sorte que les vents du nord/nord-ouest sont bloqués au profit des développements situés au sud. Il présente également un relief imposant et régulier, ce qui en fait un coupe-vent efficace

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Outre les considérations microclimatiques, l'une des qualités qu'une ville doit posséder est la lisibilité, c'est-à-dire que des points de repère et des limites claires doivent être définis afin de permettre aux personnes de s’y orienter facilement. Selon Bentley, une ville lisible est une ville intelligible où tous les quartiers, les points de repère, les limites, les noeuds et les voies sont facilement identifiés et regroupés.

                      

Dans le cas de Fermont, la ville est très lisible puisque chacun de ces éléments y est facilement identifiable, à l’exception de l’ensemble des nÅ“uds en milieu résidentiel. En raison de leur configuration en «T», les intersections ne constituent pas de nodalités fortes puisque la convergence y est moins grande. En effet, le nombre réduit de branchements du nÅ“ud (3  plutôt que 4 ), de même que la configuration en segments courts et en culs-de-sac des rues multiplient et banalisent en quelque sorte les intersections. Les seuls nÅ“uds structurants sont ceux qui relient les artères principales.

 

Finalement, un effort a également été porté dans l’architecture du mur afin d’identifier, voire codifier, les différents accès au bâtiment.

Ce critère, pour être apprécié dans son intégralité, doit tenir compte à la fois du mur et de l’ensemble de la ville. Dans le mur à proprement parler, la mixité fonctionnelle est évidente. Cependant, il n’en est pas de même à l’échelle de la ville, puisque le développement en périphérie du mur est presque exclusivement résidentiel.

 

Les locaux/équipements communautaires et institutionnels étant localisés dans un seul et même bâtiment excentré, on remarque une iniquité dans les temps de déplacement nécessaires selon le lieu de résidence par rapport au mur. La polarité induite par le seul bâtiment «attractif» de la ville confère à cette dernière l’aspect d’une minibanlieue. Comme mentionnée dans la partie précédente de l’analyse, l’absence de places publiques extra-murales fait également défaut.

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La variété fonctionnelle induit une variété au niveau architectural, facteur qui est également très important en milieu nordique. En fait, la diversité architecturale, autant dans les couleurs que les modulations des bâtiments, permet de raviver les villes qui présentent souvent un tissu bâti homogène et monotone. Par l’architecture ou l’aménagement urbain, la diversification des expériences vécues dans la ville contribue à la richesse et à l’appréciation globale d’une ville.

 

On ne retrouve peu de variété dans le mur comme dans les développements périphériques. L’enveloppe du mur présente quelques couleurs pour marquer les entrées, mais il demeure sommes toutes assez sobre. Les résidences en périphérie sont quant à elles colorées, mais très semblables dans leur forme afin de répondre à des impératifs de rentabilité, de logistique constructive et de transport. Il convient de rappeler que ces nouveaux développements proviennent fréquemment de l’initiative des compagnies minières. Elles en sont les propriétaires et l’objectif de ces résidences est de loger les travailleurs qui sont de passage, d’où ces impératifs de rentabilité et ces logiques de construction.

 

Le développement d’un deuxième pôle mixte pourrait être bénéfique pour la population de Fermont, surtout lorsque l’on considère les futurs développements qui tendent à s’éloigner davantage du mur. La multipolarité, dans certaines limites, constitue assurément un avantage en milieu nordique puisqu’elle permet la création d’un réseau de services qui limite les temps de déplacement tout en offrant davantage de choix (de services comme de déplacements) pour les résidents. 

Cependant, comme nous le démontre l’évolution des plans de la ville, des développements résidentiels se sont implantés à l’ouest de la ville, en- dehors de la zone de protection du mur (en jaune sur la carte du bas). Les plans des développements prévus par les compagnies minières de 2012 font également abstraction de la zone de protection du mur, faute d’espace.

 

L’implantation en dehors de la zone protégée des vents par le mur contrevient totalement aux principes d’origine de conception de Fermont. Ces développements vivement exposés aux rigueurs climatiques devront être conçus en conséquence, faute de quoi ils risquent d’engendrer de graves problèmes d’inconfort des résidents. Aucun autre dispositif coupe-vent n’est envisagé pour agrandir la zone protégée des vents dominants. La logique de développement des compagnies minières préconise la rentabilité de ses équipements, ce qui mène à des projets minimalistes et à la «pièce», le seul critère d’implantation étant la disponibilité d’espace. 

 

À l’image du nouveau type de population qu’amènent les compagnies minières à Fermont, les développements projetés ne s’insèrent ni dans la logique, ni dans l’esprit du lieu.

 

Source: Base de données topographiques du Québec (BDTQ)(1997). Manipulations à l'aide de SIG.

Cependant, les bâtiments aux intersections des rues ne forment pas d’angles arrondis. La formation de congères due à ces caractéristiques des bâtiments est donc envisageable. De trop importantes accumulations peuvent être particulièrement problématiques puisqu’elles peuvent réduire considérablement la vision aux intersections, autant pour le piéton que l’automobiliste. 

Source: Superposition faite par l'équipe des divers plan d'urbanisme. MRC Caniapiscau

ZONE PROTÉGÉE DES VENTS 

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