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Contexte 

 

Byker Wall est un projet de redéveloppement du quartier Byker dans le secteur est de Newcastel dans le Royaume-Uni. Ce projet fut proposé en 1967 au conseil municipal, il a été adopté en 1968, la construction commença en 1969 et se termina en 1982. Au final, le mur a une superficie d’un peu moins de 1 km2 (200 acres), est composé de 2 000 résidences, 620 maisonnettes individuelles et peut loger approximativement 9 500 habitants. Le mur a une taille variable. À certains endroits, il compte trois étages alors qu’à d’autres endroits il en compte douze. Par contre, comparé au mur de Fermont, Byker Wall est monofonctionnel dans la mesure où il est exclusivement destiné à l’usage résidentiel. De plus, pour Byker Wall, une attention particulière a été portée aux lieux publics ce qui ne semble pas avoir été fait à Fermont. À Byker Wall, on y a aménagé des jardins privés à l’extérieur, des espaces communautaires semi-publics, des lieux publics à l’intérieur et chaque aire ou espace est caractérisé par des agencements de couleurs.  

 

Erskine et le Byker Wall

 

Un architecte évoqué précédemment mérite d’être présenté plus en détail afin de clore ce cadre théorique. De par ses théories et concepts innovants pour l’époque, il a fait école. Il est question ici de Ralph Erskine. Cet architecte fut le prédécesseur de Norman Pressman et ce dernier a su pousser plus en avant ses théories et concepts.

 

Ralph Erskine est né à Londres en 1914 et a suivi une formation d’architecte à l’École d’architecture de Regent Street Polytechnic jusqu’en 1938. De 1966 à 1979, il reçut de nombreux prix honorifiques qui lui permirent de se faire connaitre de par le monde. Cet architecte marquant mourut récemment en 2005.  

 

Les théories et concepts architecturaux élaborés par Erskine étaient novateurs entre autres pour deux raisons. L’architecture de Erskine est basée sur deux préceptes centraux soit, le bâtiment doit être lié au climat et le bâtiment doit être lié aux gens qui l’habitent et l’utilisent (Collymore, 1994). Dans ses réalisations architecturales, Erskine élabora quatre facteurs de mise en œuvre qui ont radicalement changé l’architecture moderne. En lien avec ses préceptes, sur le plan social, il favorisait la participation démocratique et mettait de l’avant la reconnaissance des droits des minorités (telles que les handicapés et gens défavorisés). Quant aux aspects d’adaptation au climat, il valorisait la mise en place d’ouvertures solaires (sun traps) et désirait rendre les habitations nordiques plus attractives et avec un caractère affirmé. Quant à ce dernier point, l’enjeu est de rendre les régions nordiques concurrentielles aux régions plus au sud et d’augmenter leur potentiel d’attractivité (Collymore, 1994). 

 

Dans son ouvrage portant sur la philosophie et les œuvres de Erskine, Collymore (1994) présente une grammaire architecturale élaborée par l’architecte. Celle-ci présente douze termes concernent l’aménagement fait en milieu dont la latitude est élevée, ils incarnent ses préceptes et ils devraient orienter un architecte dans la conception et la mise en œuvre de ses projets : 

 

  • Froid : requiert d’avoir un ratio surface / volume moindre afin de favoriser une économie d’énergie pour le chauffage;

  • Périodes plus chaudes : ces courtes périodes mènent à un désire intense et exacerbé des résidents de jouir de cette saison. Il faut donc prévoir l’aménagement des établissements et des lieux publics en conséquent;

  • Neige : il convient de savoir tirer avantage des dérives et accumulations de neige dues aux vents. Ceci requiert des aménagements aérodynamiques facilitant le déneigement naturel, la protection des voies de circulation, des voies facilitant le déneigement, prévoir des espaces de dépôt à neige et des mises en valeur de la neige (esthétisme);

  • Gel au sol : pour les latitudes inférieures, la température de l’air et du sol est relativement égale, donc se servir du sol pour protéger l’édifice (ce qui est l’inverse quand il y a pergélisol / pergélisol);

  • Éclairage : en latitude élevée, les heures d’ensoleillement sont moindres ce qui requiert un éclairage extérieur nocturne et une mise en valeur du réfléchissement par la neige;

  • Vent : les courants intenses d’air froid engendrent de l’inconfort intense, mais peuvent être utiles pour dégager les rues de la neige;

  • Drainage de l’air (froid) : il convient de savoir utiliser la topographie du terrain pour construire sur les faces sud d’une pente dans l’optique de favoriser le drainage de l’air froid en vue de mieux l’évacuer;

  • Chauffage solaire (passif) : il est préférable de favoriser une orientation vers le sud et l’exposition des façades des bâtiments au soleil;

  • Faune : il est avantageux de favoriser la chasse, la pêche et le plein air à longueur d’année;

  • Végétation : favoriser les jardins extérieurs et intérieurs adaptés au climat présente plusieurs avantages (coupe-vent; anime un milieu de vie, etc.);

  • Micro-climat : la création de micro-climats par l’emplacement, l’orientation des bâtiments et la disposition des rues permettent le drainage de l’air froid et évitent la formation de poche d’air hermétique. La marchabilité peut ainsi être accrue surtout s’il y a ségrégation des voies de circulation selon les modes de transport;

  • Isolement (social) : les conditions extrêmes créent des tensions personnelles et sociales et il faut donc planifier des opportunités de contacts interpersonnels.

 

Les théories et principes de Pressman présentés précédemment ne sont donc pas étrangers  au lexique de la grammaire d’Erskine. Cet auteur a mis en œuvre la plupart des termes de cette grammaire dans le cadre du projet de « Byker Wall ». Ce projet fortement a inspiré la conception du mur de Fermont.  Voici donc une brève description de ce projet qui rend perceptible les liens entre la théorie, « Byker Wall » et Fermont. 

 

 

Le principal objectif du projet était de créer un environnement complet et intégré. L’enjeu était de favoriser une mixité sociale et une intégration des minorités vulnérables. Le volet social prenait une place centrale dans la mesure où il s’implantait dans un quartier ouvrier défavoriser et où il était avant tout question de consolider le quartier et non d’évincer la population résidente.

 

 

Les sous-objectifs, quant à eux, devaient tendre à protéger les développements immobiliers plus au sud contre les vents provenant de la mer au nord et contre la pollution issue de la circulation automobile. C’est grâce à ses formes courbes que le mur joue ce rôle de protection des secteurs résidentiels de plus faible densité au sud.

 

 

La conception du mur et aussi ses objectifs ressemblent donc à ceux mis en œuvre pour la conception de Fermont. Le mur sert de protection pour les développements plus au sud qui sont de plus basse densité.  

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